[RENDRE SON TABLIER]

Juillet 2024

vidéo filmé et réalisé par Lulu :)

En 2018, un après avoir fermé ma boite d'événementiel et de graphisme, Paul et Laure, deux adorables colocataires sont venu m'annoncer une nouvelle : 

« Le Maire de Fourquevaux nous a pris en stop vers Carcassonne et il nous a  invité à une fête. Une épicerie associative est en train de se mettre en place ;  dimanche aura lieu un événement pour récolter des fonds. On y va ensemble ? » 

La brume dans mes yeux se disperse et j'accepte l'invitation en haussant les  épaules. 

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La lumière. 

Nous nous sommes rendus à ce repas. Je découvrais ce joli village et ces gens  qui l'animent.  

Par hasard, je me suis retrouvé à la même table que la Présidente de  l'association, et avec un bel accent Anglais elle déclare que le fonctionnement  est majoritairement bénévole, et que le bureau recherche quelqu'un pour y  travailler à mi-temps. 

Alors là, mon cœur et ma raison s'aligne, ce travail coche toutes les cases. Après un entretien plutôt original, on me rappelle et je suis engagée. ------------------- 

Au commencement, nous sommes mis au défi. Tout est à créer, y compris ma  fiche de poste.  

J'aime construire des choses et mon amour pour le collectif me fait vite évoluer  dans un secteur que je découvre : la vente.  

Sur mon vélo, je vais saluer tous les voisins et voisines pour me présenter et  faire « bonne figure ». Nombreux pessimistes face à ce projet d'épicerie  croisent mon chemin mais je passe avec le sourire. 

Quelques mois après l'ouverture de l'épicerie, la croissance est lente mais  positive. Il y a de plus en plus d'adhérents, de bénévoles et d'idées qui se sont  mises en place. Des liens se créent à nouveau dans le village et les autres  associations fusent également, l’énergie locale bat son plein.

Vous pouvez vous applaudir, presque 6 ans après, l'épicerie garde ses portes  ouvertes. 

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La fourmilière.

L'équipe de l'épicerie est vite débordée par tous ces échanges d'emails pour un  seul sujet où tout le monde à son mot à dire : à combien allons nous vendre  cette baguette ?  

Après mouts réunions, Les bénévoles et moi même avions créé notre bijoux  de fonctionnement. 

Des groupes de travail . 

Un système qui permet à chacune et chacun de s'inscrire dans une équipe qui  lui convient. Qui reflète ses compétences, sa personnalité et surtout, son  planning. Un système qui nous a rendu plus efficaces. 

Ça tourne bien, les décisions deviennent plus souple et j'ai plus de temps pour  vendre. 

Les horaires de l'épicerie s'élargissent et moi aussi , sûrement par solidarité pour  ces chutes de fromages que l'on ne doit pas gaspiller. 

Être vendeuse conseillère m'a beaucoup plus. On m'a vite fait confiance et on  m'a laissé pas mal de responsabilités. Ludique, j'ai fait tous les jours un métier  différent : hôtesse de caisse, bouchère, boulangère, fromagère, manager,  caviste, animatrice, serveuse... et parfois assistante sociale. 

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Rappelez vous.  

En 2020, la vie est venue souligner l'utilité de cette épicerie de proximité à tous les habitants de Fourquevaux et alentours pour bien vivre en société : la  solidarité. 

Le coup de pied dans la fourmilière est lancé, l'épicerie et ses voisins alliés  n'ont pas attendu que Jack disent quoi que ce soit pour entrer dans l’âge de faire.  

Malgré le stress permanent, les bénévoles et moi même avions fait parti des  visages masqués que vous vouliez voir pour vous échapper de chez vous et 

avoir une once de relation sociale.  

L'épicerie bat son plein. Les bénévoles font du 24/24h. La solidarité est belle,  admirable, touchante, exemplaire.  

Beaucoup découvrent l’existence de l'épicerie étant dans leur périmètre de sortie.  Il n'était plus question à ce moment-là de réfléchir à comment encaisser  suffisamment d'argent, mais comment remplir les rayons et ne pas se  contaminer. 

En effet, l'épicerie gagne en adhérents et augmente son chiffre d'affaires. 

Je me suis essentiellement occupé des commandes. Nous découvrons également  des nouveaux fournisseurs locaux qui sont venus compléter notre garde robe.  

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A cet époque, lorsque je rentré à la maison, les colocataires me saute dessus  pour savoir ce qui se passe à l'extérieur. C'est terrible, sur 7 habitants, j'étais la seule à être autorisée de sortir pour travailler. On a pu observer une  augmentation de l'alcoolémie dans toute la France. C'est dingue toutes ces  bières et ce vin qu'on a vendu à l'épicerie. 

Avec trois colocs, je développe des affinités. On s'imagine ensemble un  monde meilleur et très vite, nous partageons ce même rêve : 

Avoir une grande maison, peut-être une ferme, créer un collectif, faire partie du vivant et non plus le dominer, vivre en autonomie en s'investissant  localement. 

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La transition. 

On a fait des recherches, établi nos priorités, commencé à élargir notre  réseau, créer un planning, etc..Bref on monte le projet. Quand cela  commençait à devenir un peu plus concret, deux de mes amis se sont pris  sévèrement le melon et cette histoire de collectif n'a jamais été remise sur le  tapis. 

Ce rêve est  suffisamment grand pour que je ne le perde pas de vue. 

Le travail devient de plus en plus important à l'épicerie et l'équipe me propose 

de faire plus d'heure, j'accepte. 

Je mets plus de temps et d'énergie dans ce projet d'épicerie que dans mon rêve  initial.  

A ce moment-là, cette sécurité m'allait très bien car je savais qu'une grande  douleur allait arriver. 

En Février 2021 mon père meurt d'un cancer. Encore une fois, la solidarité des  bénévoles est exemplaire et je réalise combien je suis chanceuse d'être  employée ici. 

Sans ce soutien, je pense que je ne serais pas resté travailler. Pour toujours,  merci. 

Il y a du chamboulement cette année-là, je déménage dans un charmant  appartement dans le Lauragais. Et mon cœur bat à nouveau, puisqu'une des  nouvelles livreuses de l'épicerie vient animer mon cœur. 

Nos deux âmes partagent les mêmes valeurs, le même rêve : aller de ferme en  ferme pour s'élever dans le monde des paysannes, l'une voulait façonner son  pain au levain, l'autre voulait mouler des fromages et traire des chèvres. 

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Un an après, nous nous séparons. Je mets à nouveau mes rêves de côté. Rien ne  m'abat, j'ai le feu en moi ; j'ai décidé de focaliser mes émotions vers d'autres  rêves comme monter sur scène et chanter devant un public. Je remercie  l'association du réveil de Fourquevaux, et tout particulièrement la belle présidente, de  m'avoir poussé à réaliser ce défi de vie. 

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Le 31 décembre 2023, ma meilleure amie  a signé l'année 2024 sous ce thème :  OSER. 

Cela m'apparaît comme une évidence, il me faut OSER me lancer dans mes  rêves toute seule. Ce projet d'aller de ferme en ferme je vais le faire. J'ai alors  timidement annoncé mon départ au bureau le 6 Janvier 2024. 

OSER. 

Toute seule ? Pas vraiment, quand je vous vois aujourd'hui en face de moi, je  sais que je ne le suis pas. Savoir s'entourer, accepter d'être aider, c'est une  force. 

Il y a quelques semaines, lors de notre dernier concert avec Le Réveil de  Fourquevaux, un ami m'a dit : est-ce que tu te rends compte Lisiane de tout ce que tu perds ? 

L'épicerie, ton groupe de musique, ton réseau, ton salaire... 

Je n'ai rien perdu.  

Au contraire, j'ai tout gagné. Je pars le cœur léger et j'ai dans ma valise tous ses beaux souvenirs, vos voix, vos rires et cette richesse qu'est l'expérience de faire  un travail que l'on aime. J'ai aussi gagné quelque chose d'encore plus précieux,  des amis. 

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Oserez-vous ?

C'est petit Fourquevaux, c'est petit l'épicerie quand on se projette sur tout ce  travail qu'il y a à faire sur cette Terre. Mais je crois au changement global, grâce à des actions locales. Je crois que chaque décision quotidienne et individuelle  est plus importante qu'un vote tous les 5 ans. 

Je souhaite que l'épicerie perdure, qu'elle serve d'exemple pour les villages  voisins, qu'elle face un effet boule de neige. 

Non, l'épicerie ne va pas s'écrouler après mon départ.  

Les murs sont solides, grâce au soutien de la Mairie, du bureau, du CA, des  bénévoles, des producteurs.trices locaux et SURTOUT des client.es. 

Alors continuer de  faire vivre le locale, car c'est vous chères clientes et chers clients qui avez le plus de poids sur les décisions prises collectivement. 

Soyez curieuses et curieux, OSEZ dirent ce que vous souhaiter pour demain et surtout pour aujourd'hui. Demandez à participer au réunion, le vœux de transparence doit perdurer.

Vous avez le pouvoir de décider si oui ou non cette épicerie continuera à  prospérer. 

Bienvenue d'avance à la nouvelle personne qui me remplacera, j'espère que  vous l'accueillerez soigneusement dans votre beau village, comme  vous l'avez fait pour moi. 

Merci à toutes et à tous individuellement et collectivement pour vos dons.

A bientôt dans le Lauragais ou ailleurs, pourvu que nos cœurs soient gaie.

Lisiane